L’universalité de la médiation du Verbe incarné selon saint Thomas d’Aquin

Gilbert Narcisse o.p.
5,00 € l'unité
2006 - Fascicule n° 1 et 2 - Saint Thomas et la théologie des religions 2006 - Tome CVI
271 - 288
Article
verbe incarne, universalite, Médiation, saint Thomas d'Aquin

Résumé

En redéfinissant le concept d’universalité, on découvre chez saint Thomas un sens spécifique de la médiation du Christ selon divers types de « totalité » réalisée par l’être et la vie du Christ : totalité causale ; totalité existentielle ; totalité économique ; totalité ecclésiale et eschatologique. Le problème de l’interreligiosité en reçoit un éclairage christologique important.

Extrait

Saint Thomas d’Aquin partage la foi commune : le Christ est l’unique médiateur du Salut. À partir de l’Incarnation, toute grâce est donnée par l’humanité du Christ. La théologie thomiste décline sereinement ce propos dans les trois grandes parties de la christologie : l’ontologie de l’union hypostatique ; la psychologie du Verbe incarné ; les mystères du Christ. La thèse fondamentale est toujours la même selon les divers types d’écrits : commentaires bibliques, sommes, questions disputées, sermons. Le Christ est donc le Sauveur universel ; tous les hommes sont sauvés par lui. Si d’autres personnes coopèrent à unir les hommes à Dieu, cela ne peut être que de façon dispositive et subordonnée, donc en dépendance de l’unique médiation du Christ.
Entre le Commentaire des Sentences et la Tertia Pars de la Somme de théologie, le progrès christologique consiste en la place de plus en plus importante accordée à l’humanité du Christ. Il était tentant de situer la médiation en jouant sur les deux natures du Christ. Après quelque hésitation, saint Thomas explique cette médiation en la plaçant uniquement dans la nature humaine du Christ. Il compose donc la singularité de cette humanité avec l’universalité du Salut. L’humanité du Christ est telle qu’elle permet cette universalité. La première raison provient directement de l’autorité de l’Écriture. La seconde raison est l’oeuvre de la théologie : manifester comment cette humanité est capable d’une telle universalité. Notre propos suit exactement cette ligne : reprendre les thèmes principaux de la christologie de saint Thomas pour souligner cette dimension universelle de l’humanité du Christ.